
L’Afrique, berceau de l’humanité… mais pas seulement ! Longtemps, de nombreuses découvertes et inventions ont été attribuées à l’occident, niant farouchement un quelconque apport de l’Afrique noire à l’évolution de l’humanité. Tout naturellement, au fil des siècles, après de nombreuses études effectuées, il s’avère que l’Afrique est non seulement le continent qui a le plus inspiré les esprits de l’Antiquité, mais qu’il a également offert au monde bon nombre de filons à la base du modernisme.
Le temps… une notion ancrée dans le quotidien à tel point que l’on y prête plus attention et pourtant… Lorsque l’on revient en arrière, il y a des siècles de cela, il revêtait une part de mystère qui pendant longtemps a troublé les érudits. Les jours se succédant aux nuits et les saisons les unes aux autres, il était manifeste qu’il y avait un changement qui se produisait au fur et à mesure. Que ce soit sur l’environnement, le climat, les animaux, le ciel, les hommes constataient ces modifications sans toutefois réussir à les comprendre, encore moins à les expliquer.

Les astronomes égyptiens, qui ont toujours attribué une signification mythologique et religieuse à l’observation du ciel, ont été les premiers à procéder au décompte du temps par ce biais, constatant les changements qui se produisaient au fur et à mesure que les jours succédaient aux nuits sur les eaux du Nil. Après de longues études et de nombreuses observations, ils constatèrent la récurrence annuelle de phénomènes naturels, qui les amenèrent à élaborer le premier calendrier solaire de l’histoire de l’humanité. Ce dernier, dans un premier temps, avait pour but de réguler les cultures au cours de l’année, en fonction des fluctuations du Nil. La plus ancienne utilisation certifiée de ce calendrier date de 4236 ans avant l’ère chrétienne. Ce calendrier, ancêtre du calendrier grégorien utilisé aujourd’hui, a connu à peine quelques modifications. Introduit en Europe au 16e siècle, le mathématicien Neugebauer en témoignait : «Il est véritablement le seul calendrier intelligent qui ait existé dans l’histoire de l’humanité». Ce calendrier égyptien était composé de 365 jours, divisés en 3 saisons de 4 mois chacune : l’inondation (Akhet), la germination (Peret) et enfin la chaleur (Shemou). Les 365 jours étaient divisés en semaines de 5 jours, dits épagomènes, puis 12 mois de 30 jours. Le jour du Nouvel An était basé sur le lever de l’étoile appelée «Sigui Tolo» par les Dogons du Mali et «Sirius B» par les Occidentaux.

Les Égyptiens avaient déjà à cette époque constaté qu’à la fin de chaque année, il y avait 6 heures supplémentaires et qu’au bout de 4 ans cela faisait 1 journée (d’où les années bissextiles). Mais plutôt que d’ajouter un jour tous les 4 ans, les anciens Africains ajoutaient 1 an tous les 1460 ans. Comme l’évoquait le professeur Cheikh Anta Diop, l’ingéniosité des noirs de la vallée du Nil était stupéfiante. Il leur aura probablement fallu des milliers d’années d’observation pour arriver à ce résultat. Des siècles plus tard, les Européens modifièrent le décompte des années bissextiles en optant plutôt pour l’ajout d’une journée tous les 4 ans, à la place d’une année tous les 1460 ans.
Le culte des Égyptiens pour le Nil et ses fluctuations est à l’origine d’un rite de soumission aux divinités qui nourrissaient l’Égypte et permettaient la résurrection de la vie. Cette personnification du bien de Dieu est celle qui a appris l’agriculture aux hommes, son esprit est donc représenté à travers la végétation et chaque 29 juillet, un sycomore était dressé pour célébrer ce jour qui lui était dédié. Ce concept a été repris par les Romains, notamment le pape Julien au 4e siècle, pour dater la naissance de Jésus-Christ ainsi que la fête de Noël.
Les savants grecs sur le calendrier africain :
«Les prêtres égyptiens s’accordent tous pour dire que les Égyptiens, en étudiant l’astronomie, ont découvert l’année et ont été les premiers à la diviser en 12 parties. Et à mon opinion, cette méthode de calcul est meilleure que celle des Grecs, lesquels, pour réguler leurs saisons, intercalaient un mois entier entre les années, alors que l’année des Égyptiens consistait en 12 mois de 30 jours chacun, et qu’ils intercalaient 5 jours additionnels» – Heredote (source : Calendars in Antiquity: Empires, States, and Societies; Sacha Stern, page 126).
«Les prêtres égyptiens ont révélé aux Grecs les secrets de l’année entière, que ces derniers ignoraient comme beaucoup d’autres choses» – Strabon (source : The ancient Egyptian culture revealed, Moustapha Gadalla, page 32).