
Il y a 40 000 ans, l’homme préhistorique y allait de ses premières tentatives de reproduction manuscrite. Il commence à graver et à peindre, tentant maladroitement de communiquer, de transmettre des témoignages et des messages. Loin de l’écriture que nous connaissons aujourd’hui, il s’agit cependant des premières traces qui soient parvenues jusqu’à nous. Les livres nous enseignent que la préhistoire prend fin avec la naissance de l’écriture. Quelle est réellement l’origine, l’ancêtre de ce moyen de communication qui nous semble si banal aujourd’hui, mais qui fut à une époque une véritable révolution pour l’humanité ?
Avec le développement d’une société hiérarchisée, la création d’un pouvoir centralisé, l’émergence de religions et les échanges commerciaux de plus en plus importants, l’écriture est très vite devenue une nécessité. Indispensable pour les commerçants, elle permettait de répertorier et de comptabiliser les échanges entre cités.
Les « calculis », ancêtres de nos factures, vont être remplacés par des tablettes d’argile sumériennes, dont le format va permettre d’indiquer le propriétaire d’un bien et de faire l’inventaire de la totalité des marchandises.

Il n’y a pas une origine unique à l’écriture ; elle est née concrètement de manière indépendante dans différentes parties du monde. Il semble toutefois que les premières civilisations qui utilisèrent l’écriture furent les Sumériens et les Égyptiens, aux alentours de 3500 – 3300 av. J.-C. C’est dans les restes des temples des cités d’Uruk et de Lagash (actuel Irak) qu’on retrouve les premières traces d’écriture. Il semblerait donc que la première écriture soit originaire de la Mésopotamie. Les travaux de l’institut germanique d’archéologie, conduits par Gunter Dreyer, ont permis de rendre à l’Afrique cette fierté d’avoir offert à l’humanité une invention si déterminante. En effet, une découverte de l’institut à Abydos, au sud de l’Égypte, permet de dater à -3400 les hiéroglyphes qui y ont été retrouvés.

À partir de là, l’écriture parvint à faire le tour du monde, atteignant les contrées les plus éloignées. D’abord la Chine, en 1766 av. J.-C., puis la Grèce en – 1450, introduite par les noirs de Phénicie, dirigés par Cadmus. C’est donc le contact avec des civilisateurs noirs du Proche-Orient, originaires d’Afrique, qui permettra à l’Europe d’avoir pour la première fois une écriture vers le 9e siècle av, J.-C., soit 2600 ans au moins après l’Afrique.
De cet alphabet antique, qui a évolué au fil des siècles, est né l’alphabet latin, dont sont issues plusieurs de nos langues. L’historien et épigraphiste français Pierre Bordreuil le dit clairement : «Ce qui est extraordinaire avec l’alphabet phénicien, c’est qu’il est l’ancêtre de nos alphabets».