Le 15 novembre dernier, à Khartoum, des journalistes soudanais se sont réunis pour manifester contre un projet de loi qui pourrait fortement nuire à la liberté de la presse. Avec des pancartes sur lesquelles étaient écrits «Unis contre la nouvelle loi» et «Une presse libre ou pas de presse», ils entendent revendiquer leur droit à pratiquer leur métier librement.

Le texte en question autoriserait le Conseil national de la presse et des publications (NCPP) à interdire la publication d’un journal sans disposer de décision de justice, et ce pendant 15 jours. Une éventuelle disposition que les journalistes soudanais ont accueillie avec indignation, sachant qu’ils sont déjà soumis à une très forte censure.

 

D’après le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ), les autorités soudanaises ont l’habitude de confisquer des journaux lorsque le contenu est jugé défavorable. Cette technique a pour effet d’affaiblir les rédactions et cause ainsi des pertes financières considérables aux éditeurs.

En outre, Reporters sans Frontières (RSF) a rapporté qu’au cours de l’année 2014, 35 éditions de journaux ont été saisies afin d’empêcher leur vente. Une fois l’ensemble des exemplaires saisit par le Service national du renseignement et de la sécurité (NISS), les éditeurs sont confrontés à l’absence de recours légal.

Présentement examiné par le gouvernement soudanais, le projet de loi est défendu par le NCPP comme protégeant le peuple. Interrogé par l’AFP, le secrétaire général dudit conseil, Abdelkazim Awat, considère que la liberté de presse «va de pair avec le sens des responsabilités».

Quant aux manifestants, ils affirment que ce texte de loi permettrait au président Omar El-Béchir d’interdire à tout journaliste d’exercer son métier pour une période indéfinie, si ses écrits vont à l’encontre de la politique gouvernementale.

Interrogé par l’AFP, le président du Syndicat des journalistes soudanais, Sadeq Al-Rizeigat, a déclaré que ceux-ci rejettent catégoriquement cette nouvelle loi.

Avec cette énième atteinte à leur liberté, les journalistes soudanais se sentent étouffés par les pratiques du régime en place. Un sentiment qui s’explique, si l’on considère que le Soudan se retrouve parmi les derniers pays dans le classement mondial de la liberté de la presse.